J’ai cru qu’être m’était destiné
J’ai cru mes sensations miennes pour de vrai
J’ai cru mes pensées être moi pour de vrai
J’ai cru que triste, joyeux, anxieux, je l’étais pour de vrai
J’ai cru que j’étais moi en particulier
J’ai cru que de me faire exister, j’étais
J’ai cru que je n’avais qu’une vie
J’ai cru que je revivais
J’ai cru que j’avais l’éternité
J’ai cru que je devais me raffiner
Puis j’ai cru que je devais m’effacer
J’ai cru que je devais me construire un devenir
J’ai cru que pour demeurer, je devais sans cesse me fabriquer
J’ai cru qu’être m’était destiné
J’ai cru que j’expérimentais pour de vrai
Puis
J’ai vu que je n’avais pas d’existence propre
J’ai vu que moi et le monde apparaissaient et disparaissaient simultanément
J’ai vu que la sensation d’être qui je suis était fabriquée
J’ai vu que je ne pouvais rien faire pour y échapper
J’ai vu qu’il n’y avait rien à espérer de ce côté
Si ce n’est toujours se projeter, s'enfermer dans une autre réalité
Puis
J’ai vu que je pouvais me défaire de mon titre de propriété
J’ai vu derrière la peur de ne plus exister, qu’être n’est pas l’ultime réalité
J’ai vu que s’abandonner c’était pour de vrai
J’ai vu qu’il ne pouvait subsister quelqu’un pour invoquer la liberté
Et si par la grâce
il arrivait que “Je” se retrouve balayé, embrassé
En un éclair le temps s’effondrait
Révélant alors que rien n’est jamais vraiment arrivé
Un criant de Vérité d’une extrême vivacité
qui ne se laisse subjuguer par aucune réalité
Présence à son apogée
Embrasement du non manifesté
Silence magnificent de l’Absent précédant
Ne paraît éloigné
que du fait de son extrême proximité
Idéalité intangible
Être s’en est fait apparaître
Dans une réalité s’est retourné
J’ai cru
Me réaliser dans la réalité
J’ai vu
M'irréaliser et la rencontrer